Une mélodie familière résonne parfois dans les supermarchés ou chez CVS, et à chaque fois que « Fantasy » de Mariah Carey retentit, je pense spontanément à *Rush Hour*. En 1997, dans l’arrière d’une voiture, la fille du consul chinois, Soo-yung (incarnée par une jeune Julia Hsu de 11 ans), interprète avec passion cette chanson emblématique, tandis que ses gardes du corps impassibles luttent contre la circulation de Los Angeles. Pour moi, à 10 ans, qui chantait avec la même intensité sur des sujets de cœur face à mes parents immigrants, c’était un moment résolument américain. La joie est éclatante sur le visage de Soo-yung, juste avant que la scène ne bascule : un véhicule de police s’interpose, un homme en descend, tire sans hésitation sur les gardes du corps et enlève Soo-yung.
C’est ainsi qu’est lancée l’intrigue de cette comédie d’action de 1998. Pour sa mission de sauvetage de la fille importante, le réalisateur Brett Ratner engage l’acteur hongkongais Jackie Chan (déjà connu aux États-Unis grâce à *Rumble in the Bronx*) et Chris Tucker (célèbre pour *House Party 3* et *Friday*) pour mener à bien l’opération.
Chan incarne l’inspecteur principal Lee, un détective rigide de Hong Kong qui vient aux États-Unis pour la première fois à la recherche de la fille du consul, tandis que Tucker joue James Carter, un policier noir qui contourne les règles et rêve d’une carrière au-delà du LAPD – « les policiers les plus détestés du monde libre. Même ma mère en a honte », déclare Carter. Chacun des deux personnages a une vision préconçue de l’autre : Carter parle fort dans l’espoir que Lee comprenne mieux l’anglais, alors que Lee, avec un sourire serein, perçoit le Américain comme un bavard sans substance. Chacun des hommes pense avoir les compétences nécessaires pour résoudre l’affaire, que ce soit grâce à des liens personnels ou à leur sagacité urbaine.
Tout au long du film, ils échangent des stéréotypes, ce qui, si les feel-good movies ne s’étaient pas gravés dans notre mémoire dès notre jeune âge, pourrait paraître lassant aujourd’hui. Cependant, Lee et Carter deviennent malgré eux un duo attachant, contournant les agents du FBI qui les considèrent comme une nuisance en raison de leur propre arrogance.
Leur périple les mène à travers Los Angeles, passant d’une partie de poker dans un bar à un bâtiment abandonné qui explose, puis au restaurant Foo Chow dans Chinatown, alors qu’ils se rapprochent des ravisseurs de Soo-yung, menés par Sang, le second du chef, qui incarne un méchant parfait et glaçant. Avec son crâne rasé blond et un regard marquant, Sang dégage une intensité redoutable, oscillant entre calme glacial et rage apparente, prêt à exploser.
À mesure que Lee et Carter entreprennent d’élucider les indices ensemble et se soutiennent lors des combats, les insultes échangées deviennent un reflet de leur amitié naissante. Lorsqu’ils combattent les hommes de main de Sang, leurs mouvements se synchronisent dans une combinaison de arts martiaux qui évoque un geste amical élaboré ; autour d’un plat d’anguille et de « bosse de chameau », ils échangent des histoires sur leurs pères policiers, des héros à leurs yeux. *Rush Hour* touche alors à ce qui m’a émue enfant et continue de le faire : l’aisance entre Chan et Tucker est telle que leurs interactions semblent authentiques, transcendant les tropes de l’Orient et de l’Occident pour former des personnages qui, bien que fictifs, ont quelque chose de réel à défendre, tout en s’amusant, à tel point que les bêtisiers de *Rush Hour* et de ses suites ont été visionnés près de 19 millions de fois.
Malgré quelques éléments de sexisme dans le film, et les allégations effroyables dont Ratner a fait l’objet par la suite, qui méritent une réflexion approfondie, le film, dans sa conclusion lors d’une exposition d’art, délivre ce que j’attends d’une comédie : une représentation simplifiée du monde, apportant du plaisir avec des scènes mémorables qui restent gravées dans l’esprit. Lorsqu’ils surveillent le restaurant Foo Chow, Carter met la chanson « War » d’Edwin Starr dans la voiture. C’est étrangement réconfortant de voir Lee chanter « War, good God / You all » avant que Carter, abasourdi, lui apprenne à prononcer « you all » correctement. Il n’y a pas de sens caché ici, si ce n’est que, en évitant de se prendre trop au sérieux, ils trouvent de l’espace pour être autre chose.
Bon à savoir
- *Rush Hour* a été un succès au box-office, contribuant à la renommée de Jackie Chan aux États-Unis.
- Le duo Chan-Tucker a été salué pour sa chimie à l’écran et a depuis été référencé dans de nombreux autres médias.
- Le film aborde diverses thématiques, y compris les préjugés culturels et les stéréotypes, tout en proposant des moments de comédie et d’action.
Plus largement, il est intéressant de réfléchir sur la façon dont les films de comédie actuels abordent des questions similaires tout en jonglant entre divertissement et réflexion sociale. *Rush Hour* reste ainsi un exemple pertinent de l’évolution des relations interculturelles dans le cinéma.