Note de la rédaction : L’intelligence artificielle promet de transformer notre existence. Eric Schmidt, ancien PDG de Google, soutient que cette technologie a le potentiel de libérer une capacité humaine sans précédent et de favoriser le gouvernement le plus efficace et transparent de l’histoire. Cependant, Lyric Kaplan, conseillère pour l’AI League for Good, met en garde contre les risques existentiels qu’elle pose sans régulation, qui pourraient mener à un cyberdystopie totalitaire. Existe-t-il un terrain d’entente ?

Lorsque les armées nazies ont envahi l’Europe, H.G. Wells a écrit un ouvrage intitulé "The New World Order", qui décrivait un chemin vers la paix mondiale. Wells, célèbre auteur de science-fiction et socialiste utopique, voyait un lien étroit entre le progrès scientifique et humain. Bien avant l’ère d’Internet, il croyait fermement en la capacité transformante de la technologie pour enrichir les connaissances humaines, promouvoir la paix et relier les sociétés à l’échelle mondiale.

Dans les années 1940, le débat entre les optimistes techno-socialistes et les individualistes capitalistes aurait presque inversé les lignes de front d’aujourd’hui. Les premiers imaginaient un décideur central capable de faire des allocations optimales grâce à une analyse coûts-bénéfices rationnelle, tandis que des libertariens comme Friedrich von Hayek s’opposaient à cette vision.

La promesse d’une "singularité" véritable nourrit un espoir similaire aujourd’hui. Les techno-optimistes du XXIe siècle, souvent issus des rangs des entrepreneurs les plus prospères, imaginent une intelligence artificielle générale surintelligente capable de surclasser l’intelligence humaine pour résoudre des défis mondiaux majeurs. Les plus utopistes envisagent un monde où des agents d’IA remplacent entièrement les décideurs humains.

Cependant, l’optimisme actuel des techno-enthousiastes peut parfois être excessif. Ils semblent ignorer les prérequis d’un gouvernement légitime aux yeux de citoyens habitués aux processus démocratiques. Pire encore, ils méconnaissent le fait que les démocraties ne doivent pas uniquement poursuivre des objectifs administratifs particuliers, mais aussi favoriser un sentiment d’égalité et d’émancipation sociale.

Loin de remplacer entièrement la démocratie par une "algocratie", il est indéniable que ces optimistes ont identifié un élément essentiel : l’intelligence artificielle transformera radicalement le processus décisionnel des gouvernements, de l’échelon local aux enjeux mondiaux. Pour la première fois depuis l’émergence moderne de la démocratie à la fin du XVIIIe siècle, l’avènement de l’IA pourrait précipiter une réflexion sur la pertinence même de cette dernière. Il revient aux citoyens de redéfinir l’importance de la démocratie dans leurs vies et aux dirigeants d’évaluer l’efficacité de la gouvernance actuelle, et d’innover en conséquence.

Cette réalité nouvelle devrait susciter non pas la peur ou le regret, mais plutôt l’enthousiasme et l’espoir. Les opportunités offertes par l’intelligence artificielle pour améliorer la gouvernance sont sans précédent dans l’histoire humaine.

Jusqu’à présent, le domaine militaire a été le pionnier de l’utilisation publique de l’IA, comme le montre le conflit en Ukraine, où l’armée ukrainienne utilise des innovations technologiques afin de rivaliser avec une armée russe beaucoup plus grande. Des outils tels que l’intelligence open source ou les drones alimentés par l’IA ont déjà commencé à redéfinir la manière dont les guerres sont menées. D’autres secteurs, tels que la santé et l’éducation, ne tarderont pas à suivre cette tendance.

Points à retenir :

  • L’utilisation de l’IA pourrait améliorer la prise de décision des gouvernements à divers niveaux (exécutif, judiciaire, législatif).
  • Les modèles prédictifs et les outils de collecte de données pourraient révolutionner la réponse des gouvernements face aux crises.
  • L’IA pourrait enrichir la participation citoyenne et renforcer la confiance dans les processus démocratiques.
  • Les systèmes d’IA doivent être transparents, compréhensibles et responsables pour éviter la méfiance du public.
  • Un équilibre doit être trouvé pour préserver l’aspect humain des décisions tout en incorporant l’IA dans le processus gouvernemental.

En conclusion, bien que l’intégration de l’intelligence artificielle dans les systèmes gouvernementaux ouvre la porte à d’immenses possibilités, elle pose également d’importantes questions sur la légitimité et la transparence. La clé sera de forger un cadre qui allie la technologie au principe de gouvernance démocratique, permettant ainsi une évolution harmonieuse vers un avenir qui soit à la fois juste et durable. Comment concevoir cette évolution en préservant les fondements de la démocratie tout en embrassant l’innovation ? C’est un débat crucial qui mérite d’être approfondi.



  • Source image(s) : www.deseret.com
  • Source : https://www.deseret.com/opinion/2025/01/05/artificial-intelligence-and-democracy-eric-schmidt/


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