L’OMS a affirmé qu’il est essentiel de maintenir le financement pour des programmes tels que PEPFAR, qui offre des traitements et des tests du VIH à des millions de personnes à travers le monde.

Les autorités sanitaires internationales tirent la sonnette d’alarme après que le président américain Donald Trump ait suspendu le financement des programmes de lutte contre le VIH, touchant le traitement de 30 millions de personnes dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette interruption temporaire de l’aide extérieure menace gravement l’accès au dépistage, aux médicaments et aux traitements du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) dans les pays à revenu faible et intermédiaire, engendrant ainsi des conséquences préoccupantes pour la santé publique.

Une interruption du financement des programmes contre le VIH pourrait exposer les personnes vivant avec le VIH à un risque accru immédiat de maladie et de mortalité, tout en compromettant les efforts de prévention de la transmission au sein des communautés et des pays”, a déclaré l’OMS dans un communiqué. Une pause prolongée de l’assistance extérieure pourrait ainsi entraîner “un retour aux années 1980 et 1990, période durant laquelle des millions de personnes décédaient chaque année à cause du VIH dans le monde”.

En 2023, on comptait 39,9 millions de personnes vivant avec le VIH, dont environ deux tiers en Afrique subsaharienne. Cette maladie reste l’une des causes principales de mortalité dans le monde, ayant provoqué environ 630 000 décès liés au sida cette année-là. Cependant, ce chiffre a nettement diminué par rapport aux 2,1 millions de décès en 2004, en grande partie grâce à l’introduction de nouveaux médicaments qui freinent la transmission et empêchent la progression du VIH vers le sida (syndrome d’immunodéficience acquise).

La suspension des financements américains affectera particulièrement le Plan d’urgence du président pour le secours au sida (PEPFAR), qui a été crédité d’avoir sauvé plus de 26 millions de vies depuis son lancement par l’ex-président George W. Bush en 2003. En 2024, ce programme a fourni des traitements antiviraux contre le VIH à 20,6 millions de personnes dans 55 pays, selon le gouvernement américain.

Par ailleurs, PEPFAR a permis à 2,5 millions de personnes de commencer à prendre la PrEP (profilaxie préexposition), qui prévient l’infection par le VIH, tandis que 83,8 millions de personnes ont effectué un test de dépistage. Le programme soutient également 342 000 travailleurs de la santé, dont les emplois seront impactés par la suspension de financement, qui s’étend également à d’autres programmes d’aide internationale couvrant collectivement le traitement du VIH pour 30 millions de personnes.

Les États-Unis se distancent du leadership mondial en santé

Cette suspension n’est pas la seule mesure prise par Trump pour écarter les États-Unis du leadership mondial en matière de santé depuis son entrée en fonction la semaine dernière. Il a engagé le processus de retrait des États-Unis de l’OMS et a réintroduit la politique de Mexico, qui interdit aux États-Unis de financer des groupes étrangers qui pratiquent ou promeuvent des informations sur l’avortement. Les principales préoccupations du nouveau président américain portent notamment sur la gestion de la pandémie de Covid-19 par l’OMS et sur le rôle prépondérant des États-Unis dans le financement de l’organisation.

L’OMS a déclaré qu’elle travaillait avec les pays bénéficiant de PEPFAR pour renforcer leur autonomie vis-à-vis du programme et réduire leur dépendance à des donateurs comme les États-Unis d’ici 2030. Toutefois, la soudaine suspension de financement par Trump pourrait perturber ces efforts, compliquant la coordination de cette transition et mettant “en péril la vie de millions de personnes”, a précisé l’agence. L’organisation appelle à “des exemptions pour garantir la fourniture de traitements et de soins vitaux contre le VIH”.

Il est possible que des exemptions soient accordées suite à la publication par le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, d’une exemption humanitaire pour les services de santé essentiels affectés par la suspension de financement. Cette exemption concerne les “médicaments essentiels pour sauver des vies, services médicaux, aliments, hébergement et soutien à la subsistance, ainsi que les fournitures et les coûts administratifs nécessaires pour assurer cette aide”, a rapporté ‘The Washington Post’. Cependant, il reste incertain si l’exception sera applicable à PEPFAR.

Bon à savoir

  • Le nombre de personnes vivant avec le VIH continue d’augmenter, 39,9 millions en 2023.
  • Le programme PEPFAR est l’un des principaux leviers dans la lutte contre le VIH, ayant sauvé 26 millions de vies depuis 2003.
  • La prise de conscience mondiale autour des services de santé et de prévention du VIH est cruciale pour ne pas revenir en arrière dans les progrès réalisés depuis les années 2000.

La situation actuelle soulève des questions sur la continuité et la durabilité des programmes de santé à l’échelle mondiale dans un contexte marqué par des décisions politiques qui peuvent rapidement influencer les efforts de lutte contre des maladies contagieuses. Comment les pays et les organisations internationales peuvent-ils collaborer pour garantir la pérennité des soins et des traitements, tout en respectant leurs réalités politiques ?




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