Un Chilien sur sept souffre de dépression modérée à sévère

Selon la dixième édition du Termomètre de la Santé Mentale Achs-UC, 13,7 % des participants présentent des symptômes modérés à sévères de dépression, enregistrant une augmentation statistiquement significative de 3,3 points par rapport à la précédente enquête d’avril 2024. Les femmes affichent une prévalence de 17,4 %, presque le double de celle des hommes (9,8 %).

Les résultats – qui ont également mis en lumière que 16,8 % des personnes de plus de 18 ans dans le pays souffrent de problèmes de santé mentale – ont été dévoilés lors d’une conférence de presse diffusée sur la chaîne officielle YouTube de l’Université Catholique, présentée par David Bravo, directeur du Centre UC d’Enquêtes et d’Études Longitudinales, Daniela Campos, responsable technique des Risques Psychosociaux chez Achs Seguro Laboral, et Antonia Errázuriz, professeure au Département de Psychiatrie de la Faculté de Médecine de l’UC.

Au cours de la présentation, David Bravo a indiqué que “les données du Termomètre de la Santé Mentale suggèrent qu’à la fin de 2024, près de 2 millions d’adultes (18 ans ou plus) souffriront de symptômes dépressifs dans le pays, mettant en lumière une réalité complexe qui nécessite une attention des politiques publiques pour améliorer l’accès, l’information et la qualité des interventions en santé mentale”.

Par ailleurs, Daniela Campos a souligné que “l’impact d’une pathologie telle que la dépression touche non seulement la sphère émotionnelle, sociale et professionnelle d’un individu, mais représente également un défi nécessitant une attention appropriée, l’accès à des traitements efficaces, et un effort collectif de la société pour aborder ses multiples dimensions. Il est essentiel de rappeler que cela n’affecte pas seulement ceux qui en souffrent, mais aussi leurs familles et leur entourage”.

Dans cet esprit, et afin de proposer une vue d’ensemble plus complète sur la dépression dans le pays, cette édition de l’étude a publié des chiffres inédits concernant cette pathologie chez les individus. Par exemple, les participants âgés de 18 à 24 ans affichent une prévalence de 28,9 %, dépassant largement les autres tranches d’âge. Suivent le groupe de 35 à 44 ans avec 19,5 % et celui de 25 à 34 ans avec 14,4 %. Les autres tranches d’âge ne dépassent pas 12 %.

Concernant l’impact sur la vie quotidienne des individus, 46 % des personnes présentant des symptômes sévères ont rapporté qu’il leur était très ou extrêmement difficile de s’occuper de leur foyer ou d’interagir avec d’autres personnes du fait de ces problèmes. Ce chiffre diminue à 12 % pour ceux ayant des symptômes modérés et à 10 % pour ceux présentant des symptômes légers de dépression.

Quels facteurs sont liés à la dépression ?

La nouvelle édition du Termomètre de la Santé Mentale Achs-UC a également révélé que tant pour les symptômes légers que pour les symptômes modérés et sévères de dépression, ceux-ci se manifestent en plus grande proportion chez les individus se sentant plus seuls et ayant moins de réseaux de soutien.

En ce qui concerne le mode de vie des répondants, 53,8 % des personnes souffrant de problèmes d’insomnie ont présenté des symptômes modérés ou sévères de dépression. D’autre part, ces symptômes apparaissent plus fréquemment chez ceux qui signalent des niveaux de consommation d’alcool à risque (26,3 %) et un mode de vie sédentaire (22,7 %).

“Ces résultats montrent la nécessité d’aborder la santé mentale avec une approche globale qui inclut la promotion de l’activité physique, la création et le soutien d’espaces d’interaction sociale, ainsi que le traitement des problèmes d’addiction”, a déclaré l’enseignante chercheuse de l’UC, Antonia Errázuriz.

Que se passe-t-il au travail ?

La prévalence des symptômes dépressifs est également liée à l’expérience des personnes dans leur environnement de travail. Les chômeurs présentent une prévalence presque trois fois supérieure à celle des personnes ayant un emploi rémunéré (31,6 % contre 11,3 %). Les personnes inactives, c’est-à-dire hors de la force de travail, ont montré des symptômes modérés ou sévères dans 15,6 % des cas. D’autre part, les manifestations les plus sévères ont été observées chez celles qui présentent des niveaux élevés d’épuisement professionnel ou de burnout (80,5 %) et chez celles ayant vécu un plus grand nombre de situations de violence et de harcèlement au travail (55,4 %). Ces symptômes étaient moins fréquents chez ceux affichant une plus grande satisfaction au travail.

Daniela Campos explique que “le travail peut agir comme un facteur protecteur, mais il ne faut pas sous-estimer l’effet d’une charge de travail trop importante et, bien sûr, des situations d’intimidation ou d’abus qui doivent être traitées rapidement dans chaque organisation”. À cet égard, la psychologue a mentionné que l’Achs, avec d’autres acteurs, a formé le Conseil Loi Karin, qui vise à promouvoir une culture de respect dans les espaces de travail et à aider à la mise en œuvre effective de la nouvelle réglementation pour encourager des milieux de travail plus sains et plus sûrs pour tous.

Vous pouvez revivre la présentation de l’étude ci-dessous :

Informations sur l’étude

Le “Termomètre de la Santé Mentale au Chili Achs-UC” est une étude longitudinale, avec un échantillon aléatoire d’environ 3 000 individus depuis 2020, représentatif de la population nationale urbaine de plus de 18 ans, sélectionné à partir d’un échantillon représentatif de ménages. Elle a été réalisée à l’aide d’entretiens téléphoniques menés auprès de ménages préalablement interviewés en personne.

Les principaux indicateurs dans le domaine de la santé mentale sont construits à partir de méthodologies internationalement validées (problèmes de santé mentale GHQ-12 ; symptômes de dépression PHQ-9 ; symptômes d’anxiété GAD-7 ; exposition à des risques CoPsoQ ; consommation d’alcool AUDIT-C ; insomnie ISI ; solitude – échelle UCLA-R).