Le timing est crucial

La traçabilité des lignées des fourmis agricoles jusqu’à leur ancêtre commun le plus récent a révélé que cet ancêtre a vraisemblablement vécu à la fin de l’extinction de masse du Crétacé, celle qui a anéanti les dinosaures. Les chercheurs soutiennent que ces deux événements étaient presque certainement liés. Selon les modèles actuels, une quantité tellement importante de poussière dans l’atmosphère après l’impact qui a déclenché cette extinction a entraîné un arrêt de la photosynthèse pendant près de deux ans, signifiant une vie végétale minimale. En revanche, la grande quantité de matière organique morte aurait permis aux champignons de prospérer. Ainsi, il n’est pas surprenant que les fourmis aient commencé à s’adapter pour utiliser ce qui était disponible.

Cela explique le vaste groupe d’espèces qui coopèrent avec les champignons. Cependant, la plupart des espèces engagées dans une agriculture organisée n’apparaissent qu’environ 35 millions d’années après l’extinction de masse, à la fin de l’Éocène (soit environ 33 millions d’années avant notre époque actuelle). Les chercheurs suggèrent que les changements climatiques qui ont accompagné la transition vers l’Oligocène ont inclus un assèchement des tropiques américains, où les fourmis cultivatrices de champignons avaient évolué. Cela réduirait la disponibilité des champignons dans la nature, ce qui pourrait favoriser les espèces capables de propager les espèces fongiques de manière autonome.

Cela correspond également aux origines des souches de levure utilisées par les fourmis agricultrices, ainsi qu’aux espèces fongiques agricoles les plus spécialisées. Mais cela n’explique pas l’origine des cultivateurs de champignons coralliens, qui semble avoir eu lieu environ 10 millions d’années plus tard.

Ce travail nous offre une image beaucoup plus claire de l’origine de l’agriculture chez les fourmis et quelques hypothèses raisonnables concernant les pressions sélectives qui auraient pu conduire à son évolution. À long terme, cependant, la plus grande avancée ici pourrait être les ressources générées durant cette étude. En fin de compte, nous aimerions comprendre la base génétique des changements de comportement chez les fourmis, ainsi que la manière dont les champignons se sont adaptés pour mieux subvenir aux besoins de leurs agriculteurs. Pour cela, nous devrons comparer les génomes des espèces agricoles avec ceux de leurs parentes vivant librement. L’ADN collecté pour cette étude sera finalement nécessaire pour aborder ces questions.

Science, 2024. DOI : 10.1126/science.adn7179 (À propos des DOI).

En tant que journaliste passionné par la nature et les comportements sociaux des animaux, je trouve fascinant de constater comment des espèces d’insectes comme les fourmis ont pu développer des systèmes agricoles sophistiqués en réponse à des événements cataclysmiques. La résilience et l’adaptabilité de la nature me rappellent l’importance de la biodiversité et de la coopération au sein des écosystèmes. J’espère que de futures recherches approfondiront encore plus notre compréhension de ces interactions complexes.

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