Systèmes de conseil scientifique : des lacunes à combler selon un récent sondage

Les virus mortels, l’intelligence artificielle, les extrêmes climatiques, les microplastiques et la santé mentale sont autant d’enjeux cruciaux pour lesquels les gouvernements ont besoin des conseils des scientifiques pour guider leurs politiques. Pourtant, un sondage mené par Nature auprès de près de 400 spécialistes de la science et de la politique met en lumière des défaillances notables dans ces systèmes de conseil. En effet, 80 % des répondants jugent que les systèmes de conseil scientifique de leur pays sont soit médiocres, soit incomplets, et 70 % estiment que les gouvernements ne s’appuient pas systématiquement sur ces conseils.

"Chaque pays se demande comment mieux intégrer la science et ses conseils", souligne Jeremy Farrar, scientifique en chef à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), basé à Genève. Cinq ans après que la pandémie de COVID-19 ait révélé l’importance des liens solides entre scientifiques et décisionnaires, les défis relatifs à l’émission de conseils n’ont fait que croître. La désinformation et les discours anti-science détériorent la confiance accordée aux experts et aux preuves scientifiques, un phénomène qui pourrait s’aggraver avec le retour présumé de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Le sondage de Nature, effectué avant les élections américaines de novembre, révèle les principaux obstacles à une science-conseil efficace. Bien que 80 % des répondants estiment que les décideurs manquent de compréhension scientifique, 73 % pensent que les chercheurs ne saisissent pas comment fonctionne la politique. "C’est une tension permanente entre les ignorants en science et les perdus en politique", déclare Paul Dufour, spécialiste de la politique à l’Université d’Ottawa, au Canada.

Cependant, nous assistons également à une période d’expérimentation et d’évolution dans le domaine du conseil scientifique. La Finlande, par exemple, explore plusieurs modèles de prestation de conseils. De nombreuses organisations, incluant l’Académie nationale des sciences des États-Unis, s’efforcent d’accélérer la fourniture de conseils pour suivre le rythme rapide de l’action politique ou prendre en compte des opinions divergentes. L’an dernier, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé un Conseil consultatif scientifique pour enrichir ces approches.

Des professionnels du domaine estiment qu’une reforme est nécessaire. Selon Peter Gluckman, ancien conseiller scientifique en chef du Premier ministre néo-zélandais, traiter des problématiques telles que les inégalités intergénérationnelles, la santé mentale des jeunes et le changement climatique requiert de nouvelles méthodes de fonctionnement. "À l’heure actuelle, le conseil scientifique n’est pas adapté à ces enjeux," ajoute-t-il.

Notre Opinion Tech

La relation entre science et politique est en constante évolution, et cette dynamique est essentielle pour répondre aux défis contemporains. À mon sens, il est crucial d’établir des mécanismes permettant une meilleure communication entre les scientifiques et les décideurs. Ceci pourrait inclure des plateformes d’échange régulières et des formations dédiées pour permettre aux chercheurs de mieux appréhender le domaine politique et, inversement, aux politiques de mieux intégrer les connaissances scientifiques. Cela aiderait à réduire la méfiance et à voir émerger des politiques fondées sur des données probantes plutôt que sur des opinions ou pressions extérieures.

Bon à savoir

La prise de décision éclairée par la science est essentielle pour aborder les crises modernisées. Les pays développent et adaptent leurs systèmes de conseil scientifique pour faire face non seulement aux défis présents mais aussi à ceux à venir. Pour les lecteurs francophones, une attention particulière doit être accordée à la manière dont la science peut informer efficacement les politiques publiques, surtout dans un contexte de montée de la désinformation et d’opposition aux faits.



  • Source image(s) : www.nature.com
  • Source : https://www.nature.com/articles/d41586-024-03906-0


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