Les responsables de la NASA ne sont pas très enclins à parler des dangers associés au vol des astronautes à bord de la vieillissante Station Spatiale Internationale, dont certains éléments ont plus de vingt-cinq ans.
Cependant, un nouveau rapport confirme que les gestionnaires de la NASA chargés du fonctionnement de la station spatiale sont sérieusement préoccupés par un petit module russe de la station, essentiellement un tunnel qui relie un module plus grand à un port d’amarrage, qui est en fuite.
Les responsables russes et américains savent que ce petit module PrK, situé entre l’airlock d’un vaisseau Progress et le module Zvezda, présente des fuites depuis septembre 2019. Un nouveau rapport, publié jeudi par l’inspecteur général de la NASA, fournit des détails qui n’avaient pas été divulgués auparavant par l’agence spatiale, soulignant la gravité du problème.
Nouveaux détails concernant la fuite
Par exemple, en février de cette année, la NASA a identifié une augmentation du taux de fuite, passant de moins d’une livre d’atmosphère par jour à 2,4 livres par jour, et en avril, ce taux a atteint 3,7 livres par jour. Malgré des années d’enquêtes, ni les responsables russes ni américains n’ont pu identifier la cause sous-jacente de la fuite.
“Bien que la cause profonde de la fuite reste inconnue, les deux agences ont recentré leur attention sur les soudures internes et externes”, indique le rapport, signé par le sous-inspecteur général George A. Scott.
Le plan de gestion des risques consiste à garder la trappe du module Zvezda menant au tunnel PrK fermée. Si la fuite s’aggrave encore, cette trappe pourrait éventuellement devoir être fermée de façon permanente, réduisant ainsi le nombre de ports d’amarrage russes sur la station spatiale de quatre à trois.
Publiquement, la NASA a cherché à minimiser les inquiétudes concernant le problème de fissures car, à ce jour, il reste confiné au tunnel PrK et ne s’est pas étendu à d’autres parties de la station. Néanmoins, LesNews a rapporté en juin que le problème de fissures avait atteint le plus haut niveau de préoccupation sur le système de “matrice des risques” de l’agence spatiale, qui classe la probabilité et les conséquences des risques liés aux activités de vol spatial. Les fuites russes sont maintenant classées comme un “5” tant en termes de probabilité élevée que de conséquences importantes.
À ce moment-là, la NASA n’a pas souhaité commenter ni confirmer les inquiétudes concernant l’évaluation de la matrice des risques. Cependant, le nouveau rapport confirme les préoccupations de l’agence.
“En mai et juin 2024, les responsables du programme ISS et de Roscosmos se sont réunis pour discuter des préoccupations accrues concernant l’augmentation du taux de fuite”, indique le rapport de l’inspecteur général. “Le programme ISS a ensuite élevé le risque de fuite du tunnel de transfert du module de service au niveau le plus élevé dans son système de gestion des risques. Selon la NASA, Roscosmos est convaincu qu’il pourra surveiller et fermer la trappe du module de service avant que le taux de fuite n’atteigne un niveau intenable. Cependant, la NASA et Roscosmos n’ont pas trouvé d’accord sur le seuil à partir duquel le taux de fuite devient insoutenable.”
Un avenir incertain en orbite basse
Ce rapport intervient alors que la NASA envisage l’avenir de la station spatiale. L’agence spatiale américaine et la Russie ont convenu de continuer à faire fonctionner la station jusqu’en 2028, et la NASA souhaiterait prolonger les opérations jusqu’en 2030. La NASA s’était attendue à conclure cet accord plus d’un an auparavant, mais aucun contrat n’a été finalisé à ce jour.
Une fois la station en fin de vie, la NASA envisage de transférer ses activités en orbite basse vers des stations spatiales privées, et elle a financé des travaux de développement initiaux par Axiom Space, Northrop Grumman, Blue Origin et Voyager Space. Northrop s’est depuis retiré de la compétition, estimant que cela ne constituerait pas une activité rentable. Il existe une incertitude générale quant à savoir si des opérateurs de stations spatiales privées seront prêts en 2030.
Une autre option potentielle pour la NASA consiste à prolonger la durée de vie de la station spatiale au-delà de 2030, mais cela nécessiterait d’énormes efforts pour garantir que la structure de la station reste viable, ainsi qu’un autre accord de prolongation avec la Russie. Le partenariat américain avec ce pays a été gravement tendu en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
“Prolonger l’ISS au-delà de 2030 nécessitera un financement significatif pour faire fonctionner et entretenir la station, l’acceptation d’un risque accru lié à ses composants et structures vieillissantes, ainsi que des assurances de soutien continu de la part des partenaires internationaux de la NASA”, déclare le nouveau rapport. “La situation est encore compliquée par le fait que la NASA pourrait continuer à faire face à un budget stagnant ou réduit, à l’inflation et à des défis dans la chaîne d’approvisionnement.”
Pour ma part, alors que les discussions sur l’avenir de la Station Spatiale Internationale se multiplient, je me demande si nous pourrons réellement prolonger son utilisation et ce que cela signifie pour la recherche scientifique et les missions humaines dans l’espace. Il est crucial que les agences continuent à collaborer sur ces questions, car notre exploration de l’espace dépend de la viabilité de ces infrastructures. Les implications de ces fuites vont bien au-delà de simples problèmes techniques ; elles pourraient avoir un impact sur notre avenir dans l’espace.