Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en cybersécurité ?

Je suis un expert en cybersécurité avec plus de 30 ans d’expérience dans les communications numériques, dont plus d’une décennie dédiée à ce domaine. Je détiens un doctorat en informatique de l’Université Obafemi Awolowo (OAU), située à Ile-Ife, au Nigeria. Je me spécialise dans la conception d’algorithmes et de modèles destinés à relever les défis de la cybersécurité dans des systèmes critiques. Mon équipe et moi avons eu l’honneur de recevoir une subvention prestigieuse du Nigeria Research Fund (NRF) en 2020. En tant que membre de l’Africa Centre of Excellence en TIC financé par la Banque mondiale à l’OAU, je facilite des formations en cybersécurité à travers le Nigeria, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est. Actuellement, je développe une suite logicielle de cybersécurité destinée à protéger l’ensemble de la pile TCP/IP dans des systèmes câblés et sans fil distribués.

Qu’est-ce qui a inspiré votre carrière en cybersécurité ?

J’ai été motivé par le besoin de lutter contre les dommages alarmants causés par les hackers et les intrus. Malgré les avancées en TIC, le déploiement peu sécurisé de ces technologies reste une préoccupation majeure. Ma passion est de rendre l’Afrique plus sûre sur le plan numérique, tout en encourageant d’autres à se battre contre la cybercriminalité.

Quelle est la gravité des menaces cybernétiques en Afrique aujourd’hui ?

L’Afrique fait face à une escalade des menaces cybernétiques, la plaçant parmi les régions les plus ciblées au monde. Des statistiques récentes révèlent que les organisations africaines ont connu le plus grand nombre d’attaques cybernétiques hebdomadaires en 2023, doublant les chiffres des années précédentes.

Les principaux défis incluent des cadres de cybersécurité insuffisants : la grande majorité des entreprises africaines manquent de défenses robustes. Les méthodes d’attaque courantes englobent le phishing, l’ingénierie sociale et les ransomwares. Des pays comme le Nigeria et l’Afrique du Sud subissent le poids de cette réalité. Selon la Commission des crimes économiques et financiers du Nigeria, le pays a perdu plus de 500 millions de dollars en 2022. De plus, l’Autorité de communication du Kenya a rapporté que ce dernier a perdu 83 millions de dollars à cause de la cybercriminalité en 2023. Ces menaces entraînent des pertes financières, perturbent les activités des entreprises et érodent la confiance dans les systèmes numériques.

Quelles interventions pourriez-vous identifier ?

Sans action décisive, le paysage de la cybersécurité en Afrique pourrait connaître un empêchement significatif. Avec l’accès à Internet prévu pour atteindre la majorité des Africains dans les prochaines années, la surface d’attaque numérique va s’étendre de manière exponentielle. De plus, les cybercriminels exploitent de plus en plus l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et des outils avancés pour perfectionner leurs opérations.

Quant aux législations, de nombreux pays africains en manquent, ce qui en fait des cibles faciles pour les cybercriminels mondiaux. Des secteurs cruciaux comme l’énergie, la banque et les télécommunications demeurent insuffisamment sécurisés, posant des risques de perturbations catastrophiques.

Des menaces émergentes, telles que les attaques sur les dispositifs IoT, les épidémies de ransomwares et les conflits cybernétiques géopolitiques, pourraient encore déstabiliser le continent.

Quelles initiatives défendez-vous pour relever ces défis ?

Parmi les actions que j’ai entreprises, on trouve la mise en place de programmes de formation — nous recrutons et formons de jeunes professionnels en cybersécurité à travers des ateliers gratuits. J’essaie de mettre à jour les connaissances des professionnels dans des domaines spécialisés tels que la criminalistique numérique. Je travaille également sur le développement de logiciels adaptés aux défis uniques de la cybersécurité en Afrique.

Notre point de vue

En tant qu’observateur engagé des évolutions en cybersécurité, il est évident que la situation actuelle en Afrique nécessite une attention urgente. La montée des cybermenaces souligne l’importance d’une collaboration régionale accrue et de l’élaboration de politiques robustes pour protéger non seulement les entreprises, mais aussi les citoyens. Nous devons investir dans la formation et le développement des compétences afin d’éradiquer le sentiment d’impuissance face à cette vague de cybercriminalité. En cette ère numérique, il serait imprudent d’ignorer les défis posés par la cybercriminalité, mais également une belle opportunité pour les nations africaines de se réinventer et de se protéger d’une manière innovante et proactive.



  • Source image(s) : www.un.org
  • Source : https://www.un.org/africarenewal/magazine/november-2024/securing-africas-digital-future-conversation-cybersecurity-expert

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