Chute des ventes de jeux vidéo physiques au Royaume-Uni : le numérique stagne

Alors que les ventes de musique et les revenus du streaming atteignent un sommet de 2,4 milliards de livres sterling – un niveau record depuis 2001, sans tenir compte de l’inflation significative – le marché britannique des jeux vidéo, en croissance quasi continue depuis des décennies, a connu une contraction de 4,4 %. La baisse la plus franche concerne les ventes de jeux vidéo physiques, qui ont chuté de 35 %.

Selon des données de l’Association Digitale du Divertissement et du Commerce (ERA), la valeur totale du marché des jeux vidéo au Royaume-Uni en 2024 est estimée à 4,6 milliards de livres, soit le double de celle du marché de la musique, mais se plaçant derrière la télévision et le cinéma, qui atteignent 5 milliards.

Ces chiffres traduisent un changement dans les habitudes d’achat des joueurs, qui ont évolué au fil des ans, privilégiant les jeux numériques et les achats intégrés dans des jeux populaires comme Fortnite et Roblox. Actuellement, les jeux physiques ne représentent plus que 27,7 % des nouvelles ventes de jeux au Royaume-Uni, d’après les données de l’ERA.

Un porte-parole de l’ERA a indiqué : « Nous observons au moins quatre facteurs influençant les ventes physiques. Tout d’abord, les joueurs se familiarisent de plus en plus avec les téléchargements sur console ; ensuite, la popularité croissante des abonnements ; en troisième lieu, nous traversons une période de creux dans le cycle des consoles ; et enfin, il y a un manque de nouvelles franchises percutantes. En regardant les 10 titres principaux de 2024, il n’y a pas vraiment de nouveauté qui ait réussi à se faire remarquer. »

La diminution des ventes physiques témoigne également d’une chute marquante des détaillants de jeux vidéo traditionnels. Le dernier détaillant spécialisé du Royaume-Uni, Game, a été acquis en 2019 par Frasers Group, le propriétaire de Sports Direct, et a annoncé l’an dernier l’arrêt des précommandes en magasin et des ventes de jeux d’occasion, tout en mettant fin à son programme de fidélité. Comme l’ont rapporté des employés à Eurogamer l’année dernière, les magasins ont évolué vers le stockage de jouets, de figurines et d’autres marchandises, rendant difficile pour les clients de trouver des jeux physiques en magasin, sauf pour des best-sellers bien établis tels que Call of Duty ou EA Sports FC.

« La baisse de 35 % des ventes de jeux physiques au Royaume-Uni reflète un changement global plus large », indique Joost van Dreunen, professeur à NYU Stern et analyste de marché. « Nous observons des tendances similaires dans des marchés majeurs, même si le rythme varie selon les régions… Les jeux physiques ne disparaîtront pas entièrement, mais ils sont peu susceptibles de retrouver leur position sur le marché d’antan. Les modèles de distribution numérique popularisés au cours de la dernière décennie servent mieux à la fois les éditeurs et les consommateurs. Les formats physiques continueront probablement d’exister en tant qu’articles de collection premium ou dans des marchés où l’infrastructure numérique est encore en développement, mais ils représenteront un segment de plus en plus de niche. »

Les ventes de téléchargements ont également légèrement diminué, de 5 % sur PC et de 15 % sur consoles. En revanche, les revenus liés aux abonnements ont augmenté de 12 %, tandis que ceux des jeux mobiles et tablettes ont enregistré une hausse de 2,6 %.

Après une période de croissance rapide durant la pandémie de Covid-19 et juste après, l’industrie mondiale des jeux a connu une contraction. Un fléchissement des investissements, accompagné d’une réduction des dépenses chez les éditeurs, a entraîné la perte d’environ 15 000 emplois dans l’industrie en 2024. Cependant, en 2025, les analystes prévoient un redressement des ventes et des revenus, stimulé par le successeur de la console Switch de Nintendo, vendue à 150 millions d’exemplaires, et par la sortie de Grand Theft Auto 6.