Cinq petits jeux puissants à ne pas manquer cette année

L’année dernière, Le New York Times a examiné des dizaines de jeux vidéo, allant des blockbusters très attendus (Final Fantasy VII Rebirth, Elden Ring: Shadow of the Erdtree) à des joyaux moins connus (Ultros, Neva, Mouthwashing). Avec des centaines de nouvelles sorties prévues pour 2024, voici cinq jeux indépendants à découvrir :

1000xResist

Pour une raison qui échappe à l’entendement – trauma ? inquiétude ? – il existe un manque d’œuvres en lien avec la pandémie qui rivalisent avec Inside de Bo Burnham, une réflexion lyrique sur la détérioration mentale causée par l’isolement. Deux contributions significatives sont enfin apparues ce printemps : le film “Stress Positions”, qui évoque le New York de 2020, régi par le désespoir, et 1000xResist, un jeu de 10 heures dans lequel une menace mortelle s’est propagée, mais aucune réponse immédiate n’est donnée.

Bien que la plupart de cette histoire d’immigration sci-fi se déroule via un dialogue incisif et d’excellentes performances vocales, 1000xResist montre comment les jeux peuvent raconter des récits de manière créative.

Dans les couloirs sombres de l’école au début du jeu, votre personnage croise des élèves et des enseignants faisant allusion à un danger imminent. Le symptôme le plus redouté ? La décharge fluide des yeux. Pourquoi pleurer est-il si mal vu ? Les éléments de métal et de silicium ne versent pas de larmes, et ceci est une société de clones.

Bien que l’histoire se révèle principalement par des dialogues et de brillantes performances, 1000xResist illustre comment les jeux peuvent habilement développer des narrations. Une section propose une vue du dessus d’un appartement que vous avez précédemment expérimenté en trois dimensions ; une autre transforme un couloir insignifiant en un symbole du passage du temps.

Chaque clone a un rôle principal : Veilleur, Réparateur, Connaisseur, Guérisseur et Bang Bang Fire, chargé de défendre le mystérieux vaisseau contenant monuments et sanctuaires du passé. Lorsqu’un clone meurt, l’Allmother se charge de le remplacer par un autre de la même catégorie. Vos brèves conversations avec ces personnages génériques – étiquetés « doublure », « germaphobe » et « studieux » – sont révélatrices à leur manière. Quelle est notre raison d’être ? Notre problème spécifique a-t-il vraiment de l’importance ?

Évalué sur la Switch. Également disponible sur PC. – JASON M. BAILEY

Indika

Une des aventures narratives les plus audacieuses de cette année se déroule en Russie au 19ème siècle et suit une nonne non-conformiste dialogueant continuellement avec le diable dans sa tête.

Après avoir déçu sa communauté monastique, la nonne Indika est envoyée pour remettre une lettre incriminante à un prêtre d’un autre monastère. En route, elle rencontre un condamné en fuite, à la recherche d’une relique sacrée qui pourrait guérir son bras gelé et atrophié. Le voyage qu’ils entreprennent teste la piété protectrice d’Indika.

Bien que ses thèmes soient sérieux, ‘Indika’ ne laisse jamais penser qu’il aurait préféré être un livre ou un film.

Un an après le début de la production du jeu, la plupart des développeurs russes ont fui à l’étranger suite à l’invasion de l’Ukraine. Dans une interview avec Polygon, le directeur du jeu, Dmitry Svetlow, a précisé que la perspective sceptique qu’il propose est ancrée dans le contemporain, affirmant que « l’Église orthodoxe russe est une des armes de la propagande russe. »

Indika aborde des sujets souvent évités par les jeux vidéo. Son univers est émaillé d’hypocrisie chrétienne, de violence sexuelle et de pouvoir d’État impitoyable. Pourtant, malgré la gravité de ses thèmes, il ne donne jamais l’impression de vouloir être autre chose qu’un jeu. Indika débute avec un mini-jeu de collecte d’étoiles, et les flashbacks de la vie de l’héroïne avant le couvent sont illustrés par des scènes en pixel art, intégrant d’autres mini-jeux. Des scènes de poursuite, des mécanismes à actionner, des plateformes délicates à franchir et des énigmes à résoudre s’ajoutent à une expérience à la fois enrichissante et mordante dans sa critique morale.

Évalué sur PC. Également disponible sur PlayStation 5 et Xbox Series X|S. – CHRISTOPHER BYRD

Lorn’s Lure

À première vue, Lorn’s Lure n’a pas l’air si séduisant. On se perd rapidement dans des murs infinis de brun, gris et mauve composant l’architecture abstraite de son cadre gritty et sci-fi. La grisaille de son décor est brièvement interrompue par des tuyaux couleur rouille et des conduits de ventilation, que votre personnage doit naviguer pour surmonter les énigmes d’escalade vertigineuses du jeu.

Lorn’s Lure active tous mes systèmes sensoriels, et réussit à le faire pendant huit chapitres, chacun inventant des énigmes architecturales étonnantes.

Explorer davantage signifie dépasser son rendu plat et apprécier les espaces industriels impossiblement vastes que son style low-res permet. Rapidement, je commence à percevoir, plus qu’à voir, les doigts de mon personnage agrippant un rebord étroit ; je ressens l’adrénaline après avoir réussi à faire un saut précaire au-dessus d’un autre gouffre immense.

Lorn’s Lure active tous mes systèmes sensoriels, et continue de le faire à travers huit chapitres, chacun offrant des énigmes architecturales surprenantes à explorer et des mystères narratifs à découvrir à partir des rares indices présents dans ce monde abstrait.

Je suis constamment sur le qui-vive, toujours surpris, toujours ravi, peut-être même masochiste à cause des moyens tordus qui m’obligent à retomber dans l’obscurité, avant de recommencer en un clin d’œil et de plonger à nouveau vers son appât séduisant.

Évalué sur PC. – YUSSEF COLE

News Tower

Mes mains n’étaient pas tachées d’encre, mais News Tower m’a plongé dans une époque palpitante où les journaux constituaient la force majeure des médias, aux côtés de la radio. Dans cette simulation de gestion fascinante, j’avais la responsabilité de redonner à mon journal new-yorkais la splendeur d’antan après le désastre financier. Une tâche colossale. Au-delà de la mauvaise gestion antérieure, la mafia avait saccagé l’imprimerie.

Malgré ces défis, les presses doivent tourner. Tout en observant l’activité frénétique à travers une vue de poupée, je ressentais une jouissance panique en envoyant des reporters sur les lieux d’un crime, en espérant qu’ils déposent leur article avant l’échéance qui approche. Parfois, ils passent à côté d’une grande histoire, et les ventes chutent. Toutefois, lorsque la mise en page est prête, rien n’égale le moment où j’appuie sur le bouton d’impression et que je vois les journaux s’éparpiller.

Dans cette simulation de gestion fascinante, j’étais chargé de redonner à mon journal new-yorkais la splendeur d’antan.

Mon précieux Goldberg Gazette débuta modestement à Brooklyn mais obtint rapidement un bureau dans le quartier financier de Manhattan. Gardant un œil sur le budget, j’ai engagé des reporters avec des spécialisations, acquis une nouvelle presse et même installé un point d’eau. L’essentiel est de garder le personnel satisfait. Le bien-être des employés se traduit par une productivité accrue et des ventes en hausse. Je commençais à craindre les signes de mal-être chez les journalistes, signalés par une animation de cœur brisé. Mais quand les reporters réussissaient à décrocher des exclusivités, des légions de lecteurs affluaient vers les kiosques.

Après plusieurs heures, quelque peu affolée par la répartition des reporters, je me suis souvenue des mots de Hugo Black : “La presse doit servir les gouvernés, et non les gouvernants.” Dans News Tower, j’ai agi ainsi – sans penser aux algorithmes ou à la viralité d’une histoire.

Évalué sur PC. – HAROLD GOLDBERG

The Rise of the Golden Idol

Je suis avide de jeux vidéo proposant des énigmes suffisamment complexes pour nécessiter un carnet à côté. Il n’est donc pas surprenant que j’ai adoré The Rise of the Golden Idol, un jeu mystérieux mêlant point-and-click, centré autour d’un puissant artefact et les manières dont les individus cherchent à s’en emparer.

Développé par les frères lettons Ernests et Andrejs Klavins, ce jeu est la suite de The Case of the Golden Idol, qui mettait en scène le même artefact transmis par différentes personnes à travers plusieurs décennies durant le 18ème siècle. La suite se déroule dans les années 1970 et explore l’héritage que cette idole mythique a inspiré au fil des siècles, y compris les rumeurs sur son apparence (ceux ayant joué au premier jeu pourront rire des conceptions exagérées).

Le jeu, développé par les frères lettons Ernests et Andrejs Klavins, est une suite de ‘The Case of the Golden Idol’, qui a vu le même artefact passer entre différents personnages.

Le gameplay, bien qu’apparemment simple, exige d’explorer la scène d’un crime et de combler les vides du récit avec des noms et verbes découverts dans des dialogues ou le texte environnant.

Cette mécanique se transforme en une toile massive alors que les joueurs déchiffrent des chronologies serrées, des identités usurpées et même des instructions dans une langue fictive. Il est possible de forcer les énigmes, mais prenez-le de ceux qui ont dévoré le jeu : vous ne le regretterez pas si vous sortez un carnet et tentez de résoudre par vous-même.

Évalué sur PlayStation 5. Également disponible sur Android, iOS, PC, PlayStation 4, Switch, Xbox One et Xbox Series X|S, et via Netflix. – ANNIE AGUIAR – ©2025 The New York Times Company