Les jeux vidéo d’aujourd’hui affichent une beauté inégalée. Lors des Game Awards du mois dernier, nous avons pu découvrir des bandes-annonces cinématographiques de jeux présentés avec des graphismes époustouflants. Parmi eux, Intergalactic: The Heretic Prophet, développé par Naughty Dog, créateurs de The Last of Us, dont l’héroïne à l’humour sarcastique était animée avec un tel niveau de détail qu’elle transmettait plus d’émotions par ses expressions faciales que par des dialogues. Un autre exemple est The Witcher 4, la suite d’une série de fantasy très prisée, où une attention artistique égale était accordée à la fourrure d’un monstre à six bras hideux ainsi qu’à la délicate lumière du feu illuminant le visage du protagoniste.
Tout cela est indéniablement magnifique. Pourtant, un observateur occasionnel pourrait aisément confondre les graphismes de ces jeux avec ceux d’il y a cinq ou même — si l’on plisse les yeux — dix ans. Autrefois, chaque génération de consoles marquait un changement de façade, à présent, le secteur semble approcher d’un plateau graphique. On pourrait argumenter que Red Dead Redemption 2 ou Cyberpunk 2077, lancés en 2018 et 2020 respectivement, sont les jeux les plus esthétiques jamais créés. Alors que les avancées graphiques annuelles semblent minimes, est-il enfin temps de mettre fin à cette course aux graphismes ?
Celles et ceux qui se rappellent le saut des graphismes 8 bits à 16 bits, ou du 2D au 3D se souviendront de l’excitation lorsque de nouvelles possibilités d’aventure et de narration se sont offertes à eux. Cependant, à mesure que le matériel a avancé, améliorer les graphismes est devenu une question de rendements décroissants, nécessitant des ressources exponentiellement plus importantes pour des améliorations mineures. Les avancées de la dernière génération de consoles sont les plus faibles à ce jour. Les mises à niveau techniques, telles que les taux de rafraîchissement plus élevés et les effets d’éclairage par ray tracing, sont recherchées par les joueurs hardcore — le marché cible de la nouvelle console PS5 Pro de Sony, proposant des améliorations marginales à un tarif élevé de 700 £ — mais ces concepts importent peu au grand public. Pour reprendre les mots de Shawn Layden, ancien responsable de PlayStation aux États-Unis : “Nous sommes au stade de développement matériel que j’appelle ‘Seul les chiens peuvent entendre la différence.’”
Parallèlement, pour les développeurs, une demande perçue pour des jeux de meilleure qualité graphique accroît la pression sur une industrie déjà aux prises avec des vagues de licenciements, des annulations fréquentes et une culture de surmenage très répandue. Dans un mémo divulgué de la part d’Insomniac, studio à l’origine de la récente série Spider-Man sur PlayStation, un développeur s’est demandé si le budget de Spider-Man 2, qui était de 300 millions de dollars contre 100 millions pour le premier opus, était un usage judicieux des ressources : “Est-ce que cet investissement triplé se voit par quiconque joue au jeu ?” Il n’a certainement pas entraîné un triplement des ventes. En réalité, peu de preuves montrent que de meilleurs graphismes entraînent des bénéfices plus élevés. Minecraft et Roblox, deux des franchises de jeux les plus rentables au monde, présentent un aspect qui semble remonter à 25 ans. Elles sont appréciées pour leur design et leurs communautés, plutôt que pour leur apparence.
Les développeurs pourraient s’inspirer de Nintendo, qui a décidé il y a plusieurs décennies de ne pas se lancer dans la course au matériel, préférant se concentrer sur le design créatif et la quête du pur divertissement. Cette stratégie n’a en rien nui aux ventes : la Switch a surpassé ses concurrents plus puissants, la PlayStation 4 et la Xbox One. Nintendo prouve également que des jeux fonctionnant sur du matériel moins puissant peuvent rester magnifiques. Quiconque a joué à The Legend of Zelda: Breath of the Wild pourra attester que, malgré ses textures de faible résolution, il demeure l’un des plus beaux jeux qui soient.
Le monde férocement créatif des jeux indépendants montre également que c’est le style artistique, plutôt que la puissance graphique, qui détermine si un jeu est plaisant visuellement. Des titres tels que Journey, Cuphead, Monument Valley et la série Ori ont laissé une empreinte considérable dans la culture vidéoludique, en grande partie pour leur direction artistique incroyable. Au cours des 12 derniers mois, de magnifiques jeux indépendants ont vu le jour, tels que Neva, qui évoque une peinture, Blud, qui imite parfaitement les dessins animés du samedi matin, ainsi que des jeux frappants qui semblent entièrement réalisés en papier et en Plasticine.
Parmi les nombreux grands moments annoncés lors des Game Awards, l’un d’eux a ému le présentateur Geoff Keighley jusqu’aux larmes lors de son introduction. Il ne s’agissait pas d’un tireur flamboyant, mais plutôt d’une suite inattendue à Okami, un jeu à succès de 2006 dans lequel on parcourt des contes folkloriques japonais sous les traits de la déesse shintoïste Amaterasu dans une forme de loup. Ce jeu est conçu pour ressembler à une peinture à l’encre sumi-e et est légitimement considéré comme l’un des plus beaux jeux jamais créés. Le fait que l’original ait si bien vieilli est entièrement dû aux choix artistiques de son équipe de conception, et non aux spécifications techniques de la désormais ancienne PlayStation 2. Cela prouve que les jeux peuvent continuer à devenir plus séduisants, mais cela sera obtenu grâce à la créativité humaine, plutôt qu’à de légères améliorations de la puissance de traitement.
Bon à savoir
- La tendance vers des graphismes réalistes s’est intensifiée avec les avancées technologiques, mais a conduit à un plateau graphique.
- Des jeux bien conçus peuvent connaître le succès commercial, indépendamment de la sophistication de leurs graphismes.
- Nintendo a réussi à se démarquer en misant sur l’innovation créative plutôt que sur la puissance matérielle.
- Les jeux indépendants continuent d’innover sur le plan artistique, influençant positivement la culture jeux vidéo.
- Source image(s) : www.ft.com
- Source : https://www.ft.com/content/eec9e7fd-cd75-44fb-8599-a995faf49d8f
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