Les tableaux de Ralph Pugay : un rire bienfaisant !

Vers la fin de mon entretien avec Ralph Pugay dans son atelier, situé dans le sud-est de Portland, je lui ai posé la question suivante : « Quelle vision as-tu pour ton avenir ? » En général, cette question permet aux artistes de dévoiler leurs rêves, aspirations et projets. Toutefois, la réponse de Pugay a été : « C’est une question vraiment étrange ! » Pour lui, se projeter vers l’avenir n’est pas du tout l’essentiel.

Mais je ne devrais pas m’attendre à des réponses conventionnelles de la part de Ralph Pugay ; rien dans son travail n’est habituel. Ses peintures dépeignent souvent des scènes où des personnages et des créatures se trouvent dans des situations pour le moins curieuses : des dizaines d’araignées dans leurs toiles en train de manger du pop-corn ; un homme en costume profitant des rayons d’un four à micro-ondes ; un groupe de chiens commandant leur déjeuner dans un fast-food.

« J’adore le travail de Ralph car il surprend et ce n’est absolument pas ce que l’on attend d’une peinture, » affirme Ashley Stull Meyers, conservatrice en chef du PRAx à Corvallis. « Ce n’est pas de la portraiture polie. Ce n’est pas abstrait comme nous avons l’habitude de voir chez les grands maîtres des musées. Il est rare qu’une peinture puisse nous faire rire de manière agréable, et c’est un énorme compliment à Ralph et à son travail. »

Pugay considère chaque peinture comme un personnage. « Elles essaient simplement de me pousser à révéler quelque chose à leur sujet que je ne sais peut-être pas encore. Souvent, les œuvres que je crée sont absurdes. Parfois elles sont drôles, parfois elles sont horrifiques. »

Lors de notre visite, il était en train de travailler sur une peinture complexe et colorée, illustrant des personnes « fumant et vapotant à côté de voitures qui rejettent de la fumée dans l’atmosphère. » Il m’a confié : « J’ai l’impression que c’est une de ces œuvres qui va prendre un tournant inattendu, mais je ne sais pas encore où cela va me mener. Et pour moi, c’est vraiment excitant. »

Pugay est né aux Philippines et a déménagé aux États-Unis avec sa famille alors qu’il était adolescent. Ce changement a été déroutant et il a trouvé refuge dans les jeux vidéo, en particulier dans le jeu de simulation The Sims. Les personnages pixélisés emblématiques se sont gravés dans sa mémoire.

Des années plus tard, à l’école d’art, il a été formé à la peinture d’observation, mais il était bien plus intéressé par la création d’images issues de son imagination, plutôt que du monde réel. En développant son style unique, il décrit ses figures comme « presque comme des sprites », à l’image des personnages d’un jeu. « Très archétypales. Elles transmettent toutes quelque chose de subconscient. Je les réorganise en étant conscient qu’elles renvoient un message aux gens en tant que personnages. »

Au cours de l’année passée, Pugay a connu un succès croissant, avec des expositions chez Adams et Ollman ainsi qu’au Centre de recherche artistique de l’Université de l’Oregon.

« Je suis ravi de le voir recevoir une attention méritée pour son travail, » déclare Stull Meyers. « Il n’y a pas assez d’art qui nous fait rire. C’est donc agréable de voir qu’il occupe cet espace… J’aimerais qu’il y ait plus d’artistes comme Ralph à l’avenir. »

Et oui, Pugay a finalement répondu à ma question sur son avenir, après avoir pris un moment pour digérer son absurdité. « Je vois mon avenir continuer d’évoluer et de grandir en tant qu’artiste, » dit-il, « et je m’efforcerai de continuer à me surprendre, peut-être en fonction des œuvres que je réalise… et surtout, de continuer à faire ce que j’aime tant. »