La scène évoque un salon tamisé. Un homme tente désespérément d’allumer une cigarette, mais dès que la flamme jaillit, il se contracte. Pendant qu’il s’éclipse, un couple entre en scène. L’homme essaie de convaincre la femme, qui, visiblement agacée, finit par se reculer lentement. Se penchant de plus en plus en arrière, elle touche presque le sol avec l’arrière de sa tête avant de disparaître avec un saut acrobatique par-dessus le canapé. Pendant ce temps, une autre femme s’installe sur une chaise et grignote des carottes.
Ces premières séquences de « Play Dead » rappellent indéniablement les premiers travaux de Pina Bausch. Rapidement, le spectacle s’épanouit en danses chargées d’émotion, où les acrobaties ne sont pas des démonstrations athlétiques mais plutôt des moyens d’accentuer les sentiments. Les gestes quotidiens et les danses sont souvent poussés à un tel niveau d’exagération qu’ils en deviennent à la fois troublants et absurdes. Nous nageons dans l’univers du cirque contemporain, où la déformation et le désarroi contribuent à créer des atmosphères presque irréelles. Ici, l’acrobatie n’est pas un compétition ou une fin en soi, mais est empreinte des émotions véritables des interprètes. Leurs performances dégagent une authenticité saisissante, ponctuée par moments d’une touche d’humour.
Une femme grimpe dans une armoire, y danse, en sort et y rentre à plusieurs reprises, hésitant visiblement entre ses vêtements. La curiosité du groupe grandit alors qu’elle se déchaîne, à moitié nue, autour de l’armoire, qu’elle utilise comme un agrès artistique en jouant avec les quelques meubles dispersés sur scène.
Deux hommes se livrent à un intense pas de deux, se séparent, se battent, puis se rejoignent avec des poses exagérées. Tandis que les hommes disparaissent dans l’ombre, deux femmes s’élancent lentement dans un audacieux pas de deux sur le meuble exigu.
Un flux associatif d’images
Dans « Play Dead », « Play » évoque le jeu, la gaieté, la légèreté, tandis que « Dead » renvoie à la mort, au désespoir, au danger. La troupe met en lumière ces états émotionnels ressentis durant l’isolement imposé par la pandémie de Covid-19, qu’elle a ensuite chorégraphiés. Chaque membre maîtrise plusieurs techniques artistiques différentes intégrées dans la chorégraphie. Pour représenter des dangers, des risques réels sont pris : certains chutent de cinq mètres de haut, d’autres équilibrent sur des bouteilles ou se laissent tomber de la scène. Les astuces de cirque qu’ils ont apprises ne sont pas des fins en soi, mais représentent un véritable défi performatif.
Au fil de la représentation, de nombreuses scénettes s’enchaînent autour du thème « Play Dead » — souvent à un rythme haletant, parfois très lent. Plutôt que de narrer une histoire linéaire, des tableaux associatifs se fondent les uns dans les autres, laissant les représentations à multiples interprétations.
La troupe canadienne People Watching s’est formée en 2020, regroupant six membres issus de divers pays et parcours. Pendant la pandémie, ils ont co-construit leur premier projet, « Play Dead », en toute conscience collective, sans recourir à un metteur en scène ou chorégraphe. Pour l’adaptation berlinoise au Chamäleon, deux artistes supplémentaires ont rejoint le groupe, enrichissant ainsi le spectacle. Jusqu’au 1er juin 2025, ils le présentent presque chaque jour — à l’exception des lundis — dans ce cabaret qui soutient le cirque contemporain depuis deux décennies.
Points à retenir
- « Play Dead » explore les émotions humaines à travers une combinaison d’acrobaties et de danse.
- Le spectacle n’ose pas imposer une narration claire, favorisant des images et des sensations variées.
- La troupe People Watching incarne l’esprit collaboratif en créant un œuvre ensemble durant une période difficile.
- Le spectacle se déroule dans un environnement propice au cirque contemporain, avec une forte connexion entre artistes et émotions.
La performance interroge notre perception de l’art et de l’acrobatie, en proposant un espace de réflexion sur les émotions vécues en période de crise. Comment ces représentations peuvent-elles influencer notre compréhension des relations humaines et de la difficulté de trouver un équilibre dans notre quotidien ?
Nos rédacteurs utilisent l'IA pour les aider à proposer des articles frais de sources fiables à nos utilisateurs. Si vous trouvez une image ou un contenu inapproprié, veuillez nous contacter via le formulaire DMCA et nous le retirerons rapidement. / Our editors use AI to help them offer our readers fresh articles from reliable sources. If you find an image or content inappropriate, please contact us via the DMCA form and we'll remove it promptly.