En réintégrant le Bureau Ovale, l’un des premiers dossiers que le président Donald Trump a pris en main était d’accorder un sursis au réseau social TikTok. Suite à un texte de loi adopté par le Congrès, cette application vidéo populaire devait faire face à une interdiction nationale à partir du 19 janvier, ayant échoué à dissocier ses opérations américaines de son propriétaire chinois pour apaiser les préoccupations en matière de sécurité nationale. Cependant, un jour après, Trump est intervenu en signant un décret exécutif visant à repousser l’application de cette loi, offrant ainsi à la société mère de TikTok, ByteDance Ltd., un délai supplémentaire pour trouver un acheteur.

La légitimité de cet ordre reste débattue, tout comme l’efficacité des 75 jours supplémentaires accordés par Trump. ByteDance a maintenu, depuis des mois, son refus de céder ses activités aux États-Unis. Cependant, Trump, qui se considère comme un homme d’affaires, est déterminé à faciliter la vente de TikTok, qui pourrait ainsi donner au gouvernement américain plus d’influence sur une plateforme que l’entreprise affirme comptabiliser plus de 170 millions d’utilisateurs américains.

### Pourquoi TikTok est-il menacé d’une interdiction aux États-Unis?

Les législateurs américains s’inquiètent de l’éventualité que TikTok soit utilisé pour espionner les citoyens américains. Cette méfiance s’explique par le fait que la Chine oblige ses entreprises, sur demande, à partager des données relatives à la sécurité nationale ainsi que par le fait que ByteDance a mené des surveillances inappropriées sur des journalistes critiquant la société.

De plus, il existe des craintes que le gouvernement chinois puisse tirer parti des données des utilisateurs américains de TikTok, par exemple, en constituant des dossiers d’informations personnelles pour des fins de chantage ou en exploitant les préférences de contenu pour manipuler les vidéos visionnées par les utilisateurs.

TikTok a tenté de répondre à ces préoccupations en investissant plus de 2 milliards de dollars pour transférer le stockage des données des utilisateurs américains vers des serveurs basés aux États-Unis, sous la gestion d’Oracle Corp., en 2022.

Malgré ces efforts, les préoccupations des législateurs n’ont pas été levées. Le projet de loi “Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act” a reçu un large soutien des deux partis au Congrès et a été signé par le président Joe Biden en avril 2024, stipulant qu’une interdiction nationale de TikTok serait appliquée à moins que ByteDance ne procède à une “cession qualifiée” d’ici le 19 janvier 2025.

### Points à retenir

– TikTok, qui dispose de plus de 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, pourrait voir ses activités dépendre de la volonté de ByteDance de vendre sa branche américaine.
– Les informations sur la sécurité nationale restent un point de friction majeur entre TikTok et les législateurs américains, alimentées par des précédents de surveillance via des journalistes.
– Plusieurs entreprises, dont certains grands noms comme Oracle, cherchent à tirer parti de l’incertitude entourant TikTok, mais doivent jongler avec des menaces juridiques potentielles et des préoccupations éthiques.

En somme, l’avenir de TikTok aux États-Unis semble extrêmement incertain. Les intérêts en jeu sont non seulement commerciaux mais aussi idéologiques, posant question sur la direction que prendra la régulation des plateformes technologiques à l’heure où la sécurité des données devient primordiale. Que ce soit par le biais de ventes ou de régulations, le dialogue autour de TikTok met en lumière des enjeux cruciaux que partageront bientôt d’autres plateformes. La situation mérite d’être suivie de près, car elle pourrait présager des changements significatifs dans la manière dont les gouvernements interagissent avec les entreprises technologiques.




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