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l est indéniable que réaliser un film est une tâche complexe. Non seulement le passage d’un scénario à l’écran coûte des millions (en particulier pour les productions avec des acteurs célèbres), mais il exige également des acteurs et l’équipe des années de travail sur un projet unique. Malgré la passion qui anime le monde du cinéma, certains réalisateurs, qui consacrent généralement le plus de temps à leurs films, ressentent parfois un profond mécontentement à l’égard des résultats finaux.

La plupart des contrariétés proviennent de l’interférence des studios : des moments où les créateurs doivent modifier leur œuvre à cause de divergences créatives avec les financiers. D’autres causes fréquentes de désappointement incluent la précipitation dans la réalisation d’un projet (surtout les suites), un regret sur une décision artistique initiale ou, comme ce fut le cas pour Steven Soderbergh, une conscience d’un problème dès les 15 premières minutes mais poursuivre pourtant le tournage.

Voici **20 réalisateurs qui n’aiment pas leurs propres films**, parmi lesquels David Lynch, Stanley Kubrick, ainsi que quelques metteurs en scène de l’univers Marvel.

**David O’Russell – Accidental Love**
David O. Russell a commencé à travailler sur *Nailed* en 2008. Prévue comme une comédie romantique avec des sous-entendus politiques, le film a connu un tournage chaotique, l’équipe se plaignant de ne pas être payée, ce qui a entraîné un arrêt du tournage à plusieurs reprises. Finalement, le film, re-nommé *Accidental Love* après que le studio a voulu le sortir au cinéma sans l’implication du réalisateur, a été un échec critique.

**Alan Smithee/Arthur Hiller – An Alan Smithee Film: Burn Hollywood Burn**
Un film sur le pseudonyme Alan Smithee, mais qui est devenu paradoxalement un film sous ce même nom. Arthur Hiller, qui a tenté de tourner en dérision le système hollywoodien, a fini par se retrouver dans une situation où le studio a pris le projet loin de lui.

**David Fincher – Alien 3**
David Fincher, à peine âgé de deux ans lorsque les producteurs d’*Alien* l’ont engagé pour le deuxième volet. Ayant seulement cinq semaines de préparation et un script non terminé, Fincher a qualifié cette expérience d’« horrible », admettant qu’il n’a jamais détesté un projet autant que celui-ci.

**Tony Kaye – American History X**
Tony Kaye a été particulièrement franc sur son mécontentement concernant la version du studio d’*American History X*. Il a même créé plusieurs lettres ouvertes incitant les gens à éviter le film. Il a tenté de faire retirer son nom du générique et a demandé à ce qu’il soit remplacé par des pseudonymes humoristiques.

**Joss Whedon – Avengers: Age of Ultron**
Malgré le succès du premier film *Avengers*, Whedon a reconnu avoir eu du mal avec le processus de création de *Age of Ultron*, indiquant qu’il avait été profondément affaibli par les conflits pendant la production.

**Mathieu Kassovitz – Babylon AD**
Avant la sortie de *Babylon AD*, le réalisateur a tenté de se dissocier du projet qu’il jugeait descendre à une série de scènes d’action sans véritable but artistique.

**Joel Schumacher – Batman & Robin**
Tout le monde, y compris George Clooney, a exprimé des remords quant à *Batman & Robin*. Schumacher a publiquement présenté des excuses, se disant traité comme un paria après la sortie du film.

**Jerry Lewis – The Day the Clown Cried**
Cette œuvre n’a jamais été projetée. Selon Lewis, le film était si mal réalisé qu’il a décidé de le garder à l’abri des yeux du public.

**David Lynch – Dune**
Bien qu’il ait été l’un des réalisateurs les plus acclamés après *The Elephant Man*, Lynch a déploré ses choix dans l’adaptation de *Dune*, estimant avoir « vendu son intégrité ».

**Josh Trank – Fantastic Four**
Initialement promis à un bel avenir, Trank a finalement dû faire face à des réécritures imposées par le studio, le rendant très insatisfait du résultat final.

**Stanley Kubrick – Fear and Desire**
Ressentant un profond mépris pour son premier film, Kubrick a tenté de détruire toutes les copies de *Fear and Desire*.

**Kevin Yagher – Hellraiser: Bloodline**
Ce film a été entaché de re-tournages forcés, poussant Yagher à utiliser le pseudonyme d’Alan Smithee pour son œuvre.

**Noah Baumbach – Highball**
Baumbach a désavoué son film *Highball*, ce qui l’a conduit à faire modifier ses crédits.

**Tomas Alfredson – The Snowman**
Alfredson a admis que malgré des années de développement, des parties essentielles du scénario n’avaient jamais été filmées, laissant le film incomplet.

**Alan Taylor – Thor: The Dark World**
Taylor regrettait le traitement de son projet Marvel, qui s’est transformé en une autre œuvre lors de l’édition.

**Michael Bay – Transformers: Revenge of the Fallen**
Bay a reconnu que ce film était de mauvaise qualité en raison de la précipitation imposée par un conflit de scénaristes.

**Steven Soderbergh – The Underneath**
Soderbergh a qualifié ce film de « soporifique » et n’a pas encensé son sentiment d’inachèvement.

**Kiefer Sutherland – Woman Wanted**
Sa déception avec ce film l’a conduit à utiliser le pseudonyme Alan Smithee, marquant un départ de sa carrière derrière la caméra.

Bon à savoir

– Les réalisateurs sont souvent soumis à une pression intense pour respecter les attentes des studios, ce qui peut nuire à leur vision artistique.
– La plupart des désaccords surviennent lors de la post-production, lorsque le montage final peut être largement modifié par le studio.
– Les pseudonymes comme “Alan Smithee” sont utilisés par les réalisateurs pour se distancier des projets dont ils ne sont pas satisfaits.
– Des œuvres comme *Dune* ou *Fantastic Four* mettent en lumière les difficultés d’adaptation d’œuvres littéraires au cinéma.
– Le travail collaboratif sur un film peut parfois engendrer des divergences majeures entre la vision du réalisateur et celle des producteurs.

En somme, l’art de la réalisation cinématographique est jalonné de défis insurmontables qui nous rappellent la fragilité du produit final. Que peut-on en tirer ? Les histoires de désaccords entre réalisateurs et studios soulèvent une question pertinente sur l’intégrité artistique : jusqu’où un créateur est-il prêt à aller pour défendre sa vision face à des intérêts commerciaux ?



  • Source image(s) : www.independent.co.uk
  • Source : https://www.independent.co.uk/arts-entertainment/films/features/directors-worst-films-joss-whedon-david-fincher-b2673692.html


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