Quelle est la perception de Venise chez les jeunes étudiants qui la fréquentent ? « Une ville transitoire, magnifique, mais peu propice à s’y établir en raison de l’offre d’emploi et des services. La qualité de vie qui permettrait d’y rester durablement fait défaut. » Telle est la conclusion d’une enquête réalisée par le Comité Projet Commun, qui a distribué des centaines de questionnaires à de jeunes universitaires pour comprendre leur expérience à Venise et Mestre.

Projet Commun

« Des Italiens et des étrangers qui passent quelques années dans une ville splendide, unique, riche d’histoire et de culture – précise dans le rapport la présidente, Maria Laura Faccini – L’objectif était de comprendre leur mode de vie à Venise et Mestre, les difficultés rencontrées dans une ville si différente, notamment en matière de déplacements. Nous voulions savoir ce qu’ils pensent de la ville, comment ils la perçoivent, ce qu’ils font durant leur temps libre, où ils se logent et s’ils envisagent de rester à l’avenir. » Ce Comité a été constitué en avril 2020 dans le but de recueillir avis, récits, idées et projets pour le territoire de la commune de Venise, cette fois-ci axé sur les jeunes.

L’enquête

Pour cette enquête, un questionnaire composé de 23 questions à choix multiples et 7 questions ouvertes a été utilisé. Au total, 834 questionnaires ont été complétés (72 % de femmes et 26 % d’hommes), dont 85 % des répondants se situent dans la tranche d’âge de 18 à 25 ans (80 % sont des citoyens italiens). La collecte des données s’est étendue d’avril à décembre 2024 aux universités Ca’ Foscari et Iuav de Venise. « Pour les étudiants, la beauté exceptionnelle de la ville ne compense pas ses coûts prohibitifs, l’insuffisance des commerces de proximité, ni le manque de lieux de rassemblement et d’opportunités de socialisation pour les jeunes, surtout de septembre à mars et le soir », écrit Faccini dans le rapport. Concernant les services de base, comme l’offre de logement, un constat ne laisse pas de place au doute : 95 % des répondants jugent celle-ci insuffisante.

Le tableau est légèrement meilleur pour les déplacements : 45 % des étudiants se disent satisfaits (principalement des transports publics), même s’ils souhaiteraient que certaines lignes de bus et de tram soient plus fréquentes. « J’utiliserais davantage le service de location de vélos s’il était moins cher – indique une des réponses libres. Et aussi – J’ai besoin de prendre la voiture étant donné que Marghera n’est pas bien reliée au campus universitaire de Ca Foscari sur via Torino (il me faut au moins 45 minutes en bus alors que j’en consacre 15 en voiture). » 64 % des étudiants interrogés estiment que l’offre alimentaire et les options de restauration ne sont pas accessibles financièrement, et 38 % d’entre eux travaillent également.

Événements et expérience générale

84 % des jeunes étudiants fréquentent des expositions, musées et cinémas. Si l’offre culturelle est globalement appréciée, 19 % des répondants estiment que les prix devraient être réduits ou rendus plus accessibles. Certains soulignent : « Il faut davantage d’espaces de discussion pour les jeunes, des lieux de loisirs ouverts 7 jours sur 7 où l’on peut étudier, travailler et rencontrer ses pairs en dehors des murs universitaires. » Dans ce domaine également, plusieurs demandent des “tarifs plus avantageux pour les étudiants”, et 16 % des 834 interrogés souhaitent des offres plus spécifiques pour leur tranche d’âge. « Il devrait y avoir plus d’activités divertissantes, des événements dynamiques, plus de rencontres internationales. À part les musées, Venise est morte – on n’y trouve rien à faire, aucun moyen de rencontre. » 65 % affirment être satisfaits de leur expérience dans cette ville, mais 47 % ne comptent pas y rester. Des commentaires tels que : « Pas d’opportunités réelles, pas d’événements sociaux, aucune activité possible, trop de surpopulation, trop de touristes – la ville est centrée sur eux et non sur les résidents, c’est trop cher, sans produits de qualité ni logements » sont révélateurs.

Conclusions

« Les étudiants exigent d’être entendus et de participer à l’amélioration des conditions de logement et de vie sociale tant dans le centre historique qu’en terre ferme. Les réponses ouvertes fournissent des commentaires précieux qui, en parallèle des données chiffrées, éclairent les critiques, les idées et les propositions d’amélioration des étudiants », commente Faccini.

Le Comité Projet Commun en tire une vision d’action pour l’avenir immédiat. « Il est nécessaire d’agir sur la compensation en terre ferme concernant les espaces, les services pour les jeunes et les logements à prix plus accessibles. Un projet doit enfin unir les atouts des deux façettes de la ville, tout en investissant dans des connexions plus fréquentes et ciblées, avec un accent particulier sur la résolution des problématiques de Mestre, telles que la sécurité et le développement de diverses activités pour accroître son attractivité. Tout cela doit passer par un travail efficace, la qualité de vie et la perception de sécurité. »

Bon à savoir

  • La plupart des étudiants préfèrent des logements à proximité de leur campus pour éviter les longs trajets.
  • Les événements culturels sont en forte demande, mais les participants souhaitent des prix plus accessibles.
  • Les étudiants expriment le besoin de plus d’espaces de rencontre et de loisirs adaptés à leurs attentes.

Au-delà de ce tableau, il est intéressant de réfléchir à la manière dont les villes peuvent s’adapter aux besoins des nouvelles générations. La qualité de vie dans une métropole touristique comme Venise soulève des questions essentielles sur l’équilibre entre l’accueil des visiteurs et le bien-être des résidents. Comment favoriser une meilleure intégration des étudiants dans la vie locale tout en préservant l’identité de la ville ?




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